Délibérations de la vallée du Queyras, ou « Livre des conclusions prinses aux assemblées des sieurs consulz de la vallée de Queyras, contiènent les despartementz des tailhes imposées par Mrs les esleuz et aultres escartons faictz, tant pour les affaires du Roy, nostre sire, que pour aultres affaires de lade vallée, en l'année 1639 ».
1639, 8 janv., à Ville-Vieille. Répartition de 1.175 écus 24 s. pour la taxe des « droictz de francz-fiefz », en suite de « la patente de S. M. du 20 octobre 1637 et de l'ordonnance de nos sgrs les commissaires de la Chambre des francz-fiefz et nouveaux acquetz du 20 décembre dernier ». — 27 janvier Franç. Berthelot et Daniel Chabrand rendent compte de « l'assemblée de l'escarton général » de Briançon et de « la despense des gardes establis dans le balliage ». — 30 janvier Ant. Albert et Franç. Maritan sont allés à Grenoble « faire présent à Mgr le duc [de Lesdiguières] d'un mullet que ceste vallée luy a donné », et y ont employé 26 jours. — 13 février Blaise Martin, consul d'Abriès ira à Grenoble, afin d'obtenir que « le régt de Mme la Princesse » ne vienne pas loger en Queyras ou bien pour avoir des aides, et il offrira à « M. Montagne un mullet de selle ». — 26 février Le secrétaire de la vallée Dalmas écrira au cape Videl, agissant pour « Barthél. Ferrus, cape à la garde du Mont-Genèvre », de payer ce qu'il doit à la vallée. — 1er mars. Annonce de « la venue de M. le trézorier pour la recepte des ducatz ». — 8 mars. « Toutes les comtés ont des affaires à Gap, qui les convient à y depputer particullièrement ». Chacune d'elles désignera son député, pour aller à Gap et à Grenoble au sujet des « francz-fiefz ». —29 mars. Par lettre du 29, le sr de Malleysie, commandant de Pignerol, ordonne aux consuls de la vallée « de mettre la milice sur pied, au plus grand nombre et des plus capables que faire se pourra, avec leurs armes, et les envoyer, sans faire séjour en aucung lieu, jusques à ce qu'ilz soyent aud. Pinerol ». On lèvera « un homme pour servent ». soit, « en destrayant les feuz soulagés aux comtés d'Arvieu, Chasteau et Ristollas », 108 hommes. Germain Puy, fils de David, ira à Pignerol ou à Turin, pour annoncer cette décision.
1639, 14 avril. « Despartement de la tailhe impozée par Mrs les esleuz pour le passage de vingt mil hommes de pied et quatre mil chevaulx, à raison de 113 1.11 solz par feu », suivant le lançon du 30 mars, soit 1.949 écus 16 s., ou bien, pour 117 servants, 16 écus 39 sols 5 patacs par servant. Prière au sr de Camargues, venu avec trois archers, pour exiger l'argent dû, d'après le dernier lançon, au sr de La Gâche, « de se retirer sans mener gages ne prisonniers », lui promettant de lui porter à Briançon, « entre cy et dimanche prochain.... argent tant qu'on pourra trouver ». — 16 avril. Jacq. Meyer « se charge de faire porter toutes les lettres de convocation des assemblées généralles, dès ce jourd'huy jusques au 15e febvr. prochain », moyennant 36 1. — 17 avril. « Le sr Julien, premier bregadier de la compe des gardes de Mgr le duc de Lesdiguières, pair de France, lieut. gén. pour le Roy en Dauphiné », communique « une lettre de M. de Chamrambaud, cape de ses gardes, donnée à Fénestrelles le 14e du courant, par laquelle il commande ausd. srs consulz de faire armer tous les hommes de ceste vallée, pour eztre prestz au premier commandement qui leur sera faict pour le service du Roy » ; et il remet copie de la commission donnée aud. Champrambaud « pour se porter à Briançon », par le duc de Lesdiguières le 2 avril. Il prescrit de « mettre en eztat tous les hommes qu'on pourra, du moingz jusques au nombre de mil hommes armés, et les faire partir promptement pour se rendre à Pinerol ». Les consuls feront leur possible pour que le rassemblement des hommes demandés soit fait, « mardi de mattin », au Château-Queyras, « le consul d'Arvieu disant que, à cause de l'embrazement arrivé aud. heu, il est impossible pour maintenant que lade comté puisse fournir aucungz homme ». — 19 avril. Le vibailli de Briançon réclame, pour le lendemain, le dénombrement des fiefs, « soit, en corps de comté ou de particulliers, et de ceulx qui tiènent des biens roituriers ou à pris d'argent et rantes constituées et vivent noblement de leurs rantes ». Jean Faure, not. de Molines, et David Dalmas, not. d'Arvieux, sont commis pour aller à Briançon déclarer au vibailli « comme en ceste vallée et comtés d'icelle n'y a aucungz gentilzhommes ou personnes vivantz noblement ; que lesd. comtés ne possèdent aucungz fiefz, ny les habitantz d'icelles, en partie tous lesquelz vivent de leurs industries et travaux, chascung selon sa condition et profession, eztantz la pluspart des povres laboreurs ». On lèvera un homme par servant, suivant la répartition faite le 29 mars. — 27 avril. La vallée a envoyé 80 hommes à Pignerol.
1639, 2 mai. Répartition desd. 80 hommes. — 14 mai. Franç. Berthelot est député à l'assemblée du bailliage qui aura lieu à Briançon le lundi suivant. — 20 mai. André Videl, au nom du cape Jean Videl, réclame le payement de 196 1. 7 s. dus à Barthél. Ferrus, « commis à la garde du Mont-Genèvre l'an 1638 ». Communication d'un ordre du duc de Lesdiguières, défendant aux consuls du Queyras de « recepvoir aulcungz cappitaines ny soldatz se retirantz de l'armée d'Itallie, sans congé, signé par Mgr le card. de La Vallette, quand aux cappitaines et quand aux soldatz par le coronel du régt ». — 29 mai. Vote de 39 écus en faveur de Georges Bertrand, not. du Monêtier-de-Briançon, ex-député en Cour « pour l'affaire du sel ». — 7 juin. Sur l'ordre du sr de Malleysie, gouverneur de Pignerol, la vallée fournira 120 hommes « pour travailher aux fortifications dud. Pinerol ». Réception du lançon de la taille de 406 1. 5 s. par feu, « payable la moytié au 15° du présent ». — 20 juin. Ordre par le vibailli de Briançon à chaque comté du bailliage de « fournir un cheval léger et duement bien équippé, pour servir le Roy en son armée ». — 24 juin. Ordre du sr Jouffrey-Bardonnesche, commissaire député par le duc de Lesdiguières, « portant que ceste vallée fournira 66 hommes pour travailher aux fortiffications de Pinerol, datté du 21 du présent ».
1639, 3 juillet En suite des ordres du « sr Lhouvet, commandant en l'absence du sr de Collisieux, gouverneur », prix-fait de réparer la toiture de deux chambres du château, donné à Jean Nel, charpentier des Meyries, moyennant 50 1. 15 s., outre le bois et les clous. — 7 juillet Commandement du sr de Verney, prévôt, « d'establir des gardes aux lieux de Ristolas, granges d'Abriès, Font-Gilharde, Arvieu et col de Seilhac, pour empêcher le passage des soldatz déserteurs de l'armée du Roy en Italie ». Cette garde commencera le 9. Accordé 50 écus au sr Chauvet. « au subjet du feu de joye qu'on fit à la naissance de Mgr le Dauphin ». Le lançon de la tailte, imposée par les élus le 25 juin, de 247 1. 9 s. 8d. par feu, s'élève, pour 51 feus 1/2, « sauf à détraire les feux soulagés », à 12.745 1. 7 s. 10 d. — 25 juillet Imposition de 1.060 « clous ou taches » pour faire le couvert de deux chambres du Château, « sur 106 servantz à 10 clous par servant ». — 1er août. Lacombe et Poudrel, soldats des gardes du duc de Lesdiguières, demandant des pionniers pour travailler aux fortifications de Pignerol, « a esté respondu que ceste vallée eztant obligée, par ordre de M. le prévost, de faire cinq corps de garde pour empêcher le passage des soldatz de l'armée d'Ytalie qui se retirent sans congé, aultres gardes sur les frontières de Val de Luzerne, Val de Mayre et Barcellonne, pour empêcher les ennemys de l'Estat d'entrer dedans icelle, on ne peult fournir maintenent le nombre de pionniers ordonné », et, « néantmoingz, pour tesmoingner l'obéyssance et affection qu'on a au service du Roy », on offre 27 hommes pour aller à Pignerol. Ordre par M. d'Aiguebonne « de faire la reveue des hommes... capables à porter armes et de leurs armes ». — 25 août. Jean Turcon, jadis consul de Briançon, réclame 25 écus à lui dus pour l'entretien de la « compe de chevaulx légers de M. de La Tivollière », du régt d'Aiguebonne, et « la despence de M. de Chérency, faicte en l'année 1637 ».
1639, 12 septembre Levée de « dimy homme, pour servant », soit 54 hommes pour aller à Pignerol. Jean Dalmas se rendra à Briançon, à l'assemblée du bailliage le jeudi suivant. — 27 septembre « Chaffré Gondret, prebtre et curé de Mollines, M. Laurens, advocat, et me Chaffré Jouve, not. », sont chargés de « gérer et négotier tous affaires concernentz ceste vallée, ainsi et comme ilz verront bon estre pour le bien d'icelle ». — 4 octobre Pouvoir aud. Gondret, curé, d'aller traiter à Grenoble les affaires de la vallée. — 6 octobre Vote de 51 s. par servant, pour « le payement de la despence de Mrs de la Justice pendant, le séjour faict en ceste vallée, lequel a esté plus long de deux jours ». — 10 octobre Ordre par le duc de Lesdiguières de « contribuer à l'estappe de La Sochière pour le passage de huit mil hommes de pied, signiffié, du jour d'hier, au consul d'Arvieu ». Répartition de vivres : pain, 4.754 livres ; vin, 2.439 pots ; chair, 3.565 livres ; foin, 46 quintaux ; avoine, 70 razes. — 22 octobre Gondret, curé de Molines, député à Grenoble, est revenu « d'Ambrun, treuvant estre expédient et nécessaire de depputer de nouveau au Roy pour les affaires urgentz que ceste vallée ha sur les bras ». Led. Gondret et Ant. Albert, d'Arvieux, se rendront « à Lyon ou aultre part ou S. M. sera, tous deux ensemble ou l'un deux sepparément,... pour suyvre tous affaires que la vallée y a,... au bien et soulagement des habitantz d'icelle ». — 25 octobre A cause « de la difficulté que faict le sr Gondret de faire le voyage en Cour », pouvoir de le remplacer à me Fagon Faure, consul de Molines, ou Chaffrey Jouve, not. d'Aiguilles. — 30 octobre David Dalmas, not. d'Arvieux, ira, le jeudi suivant, à l'assemblée du bailliage. « M. Galhard, procureur à Gap », demandant aux consuls du Queyras de se faire représenter à « l'imposition et cottization de la grande tailhe de la présente année », le secrétaire lui répondra que le Queyras ne peut « mettre en faillies toutes les impositions que sont eztés faistes durant ceste année, à cause de la povretté du peuple, y ayant partie de leurs habitantz, qui, par les grandes surcharges, sont contrainctz d'abandonner leurs maisons et quitter le pays ».
1639, 4 novembre L'avocat Laurens ira exposer au sr de Malleisy, gouverneur de Pignerol, qui réclame des hommes armés, « que la pluspart des hommes qui pourroient porter les armes sont hors de la vallée pour passer l'hiver et que ce que est de rezte semble eztre nécessaire pour la garde du pays, attendu que les bandes viènent du cousté de Crussol et aultres lieux pour les voiler, et, sans la deffence et résistance qu'on a faict à la montagne de Vizoul et aultres lieux, lesd. bandes auroyent emmené et ravy tout leur bestailh », et, par suite « les descharger de lade levée ». — 7 novembre L'avocat Laurent n'ayant pas fait le voyage de Pignerol, Ant. Martin, consul d'Aiguilles, est nommé à sa place. Plaintes seront faites au duc de Lesdiguières contre Colisieux, gouverneur du Queyras, qui a fait saisir « bestiaulx et marchandizes qui passent par le village du Chasteau, au-devant de la forteresse, allantz ou venentz de Guilhestre, Briançon, Ambrun et aultres lieux, où ilz ont accoustumé de trafiquer et négocier, sans dire ny faire comprendre pourquoy ny à quel subjet il faict lesd. saizies ». — 11 novembre Nouvel ordre de Malleisy, gouverneur de Pignerol, réclamant l'envoi des hommes d'armes. — 15 novembre Gondret et Albert iront à Grenoble pour se plaindre du sr de Colisieux. — 18 novembre Claude Bellon, d'Abriès, ira à Pignerol défendre les intérêts de la vallée. — 19 novembre Le cape Jean Videl, arrivé en Queyras, réclame un homme pour l'accompagner. — 7 décembre David Dalmas, not. d'Arvieux. traitera avec Jean Pierre, not. de Cervières, de tout ce que la vallée doit à Cervières. — 29 décembre au Château-Queyras, maison de feu Pierre Martin. On payera au sr de Jouffray les sommes qui lui sont dues.
1640, 7 janvier à Ville-Vieille, maison de Claude Puy, Gondret, curé de Molines, Ant. Albert, d'Arvieux, et me Jouve, not. d'Aiguilles, rendent compte de leur mission à Grenoble, auprès du duc de Lesdiguières contre le sr de Colisieux ; il leur est accordé 168 écus pour leurs dépenses, etc.